L'art Brut

Art brut est le terme par lequel le peintre Jean Dubuffet désigne les productions de personnes exemptes de culture artistique. Il a regroupé certaines de ces productions au sein de la Collection de l'art brut à Lausanne. S'il est certain que le terme art brut vient de Jean Dubuffet : « le 28 août 1945, Dubuffet baptise « art brut » un art qu'il collectionne depuis plusieurs années, art qui comprend à la fois l'art des fous et celui de marginaux de toutes sortes : prisonniers, reclus, mystiques, anarchistes ou révoltés1, » on ne peut pas réduire son intérêt pour l'art des fous à cette seule date. Bien avant, dès 1922, Dubuffet s'intéresse déjà aux travaux du docteur Hans Prinzhorn, qui a rassemblé les œuvres de malades mentaux, constituant un Musée d'art pathologique à Heidelberg. Il découvre aussi l'exposition du docteur Walter Morgenthaler, médecin chef de la clinique de la Waldau près de Berne. C'est Walter Morgenthaler, précurseur de l'intérêt porté par d'autres à « l’art brut », qui, en 1914, découvre le talent artistique du patient Adolf Wölfli. C’est lui encore qui reconnait le premier l'importance des objets archivés à la clinique. Grâce à ce pionnier de la psychiatrie, le musée actuel possède un fonds suffisant pour alimenter ses expositions temporaires2. La collection Morgenthaler que Dubuffet a vue est exposée au musée Psychiatrie-Musée Berne3. En 1923, alors qu'il accomplit son service militaire au service météorologique de la tour Eiffel ou, selon les biographes, au service de la compagnie météorologique du fort de Saint-Cyr4, Dubuffet a connaissance des cahiers illustrés de Clémentine R. (Clémentine Ripoche), visionnaire démente qui dessine et interprète la configuration des nuages. Cette même année à Liège est créée la Fédération spirite internationale5. Dubuffet s'intéresse également à certaines œuvres du fonds Heidelberg qui ont été exposées à la Kunsthalle de Mannheim. 1923 est aussi l'année de l'internement de Louis Soutter, dont Dubuffet ne découvrira l'œuvre qu'en 19456.